Certains ne voient peut-être pas de lien direct avec la lutte contre les groupes armés et la protection des civils, qui est au cœur du mandat de la Force Onusienne en RDC. Pourtant, les patrouilles constituent l’un des outils efficaces de la lutte contre l’insécurité, indique Jean-Tobie Okala, MONUSCO Bunia/Beni.
Outil de dissuasion, les patrouilles ont d’abord pour effet d’empêcher la commission d’un acte criminel. Elles permettent de faire fuir les bandits ou miliciens des groupes armés, en même temps qu’elles rappellent à ces inciviques que l’Etat demeure présent, à travers ses forces de défense et de sécurité, qui sont donc appuyées par les casques bleus de la MONUSCO.
Grâce aux patrouilles, les populations peuvent dormir en paix, vaquer librement à leurs occupations, notamment aller aux champs, récolter les produits de leur dur labeur. Les patrouilles sont aussi une « démonstration de force », pour dire aux groupes armés et miliciens : attention, nous sommes là, vous ne pouvez pas vous attaquer impunément aux innocents. Ce qui permet de préserver de nombreuses vies humaines.
Les patrouilles sont aussi, et ce n’est pas tout, un moment important de récolte de précieuses informations dans la région visitée : sur la situation sécuritaire, économique, sanitaire, humanitaire, des droits humains, etc,… Ce qui permet aux décideurs de prendre certaines décisions en faveur des populations locales.
Sans ces patrouilles, les Sections civiles de la MONUSCO auraient du mal à accéder à certaines zones dites « rouges » pour organiser leurs activités, du fait de la présence des hommes armés, et la Mission aurait du mal à remplir correctement son mandat.
Lors de certaines patrouilles (diurnes surtout), les casques bleus organisent des sensibilisations des communautés à l’hygiène corporelle, à la promotion des droits des femmes, à la masculinité positive, à la lutte contre les violences sexuelles, etc,… ce qui permet une certaine ouverture d’esprit chez ces femmes.
Les patrouilles sont également des moments de rencontres parfois inattendues, entre patrouilleurs et passants ou populations locales. Des moments d’échanges avec des enfants et des femmes ; à qui parfois, on redonne du sourire, mais surtout du courage et de l’assurance qu’ils ne sont pas abandonnés à leur sort.
Il arrive ainsi par exemple que des femmes casques bleus de la MONUSCO aident des femmes locales à piler des noix de palme, à préparer du fufu (pate de farine de manioc), à nettoyer la cour de l’hôpital du village, ou même à danser avec des enfants. Cette collaboration permet à certaines langues de se délier plus facilement dans le cadre de la collecte de renseignements.
Les casques bleus de la MONUSCO organisent ainsi des patrouilles de jour et de nuit, sept jours sur sept. Tantôt seuls, tantôt avec la Police Congolaise et les FARDC.
Comme ce fut le cas dans la localité de Maï-Moya à une trentaine de km de la ville de Beni, au Nord-Kivu. Ici, en raison de la présence des rebelles des ADF dans les faubourgs de cette localité, la MONUSCO a organisé du 13 au 19 novembre 2024, une série de patrouilles diurnes et nocturnes, aux côtés des FARDC et de la PNC (Police Congolaise). C’était pour surveiller les mouvements des rebelles et protéger ainsi les civils d’une possible attaque armée.
Au cours de ces patrouilles, les équipes ont échangé avec les populations locales et les leaders et chefs coutumiers locaux. Recueillant ainsi de précieuses informations pour aider à mieux sécuriser la zone.
Les photos ci-jointes illustrent quelques-uns des moments des patrouilles des casques bleus de la MONUSCO : où l’impératif sécuritaire côtoie l’humain et même l’humanisme, l’altruisme et l’humanitaire.
Bienvenu Katava