Des enseignants affectés dans les zones sous contrôle des rebelles du M23/RDF semblent ne pas être prêts à rejoindre leurs postes malgré la pression que les gestionnaires exercent sur eux, menaçant même de les désactiver sur les listings de paie.
Joint par la rédaction de rtr-beni.net, un enseignant d’une des écoles catholiques de Rutshuru a répliqué, sous anonymat, à la menace de leurs gestionnaires en demandant que la menace exercée sur les enseignants soit élargie à tous les services de l’Etat qui ont abandonnés dans les zones sous contrôle des rebelles.
« Pourquoi faut-il que ce soit l’enseignant qui est sommé de rejoindre les zones sous contrôle des M23/RDF ? Je regagnerais mon poste si tous les autres services de l’Etat étaient sommés, comme nous (enseignants) de rejoindre leurs postes d’attache », a répliqué l’enseignant anonyme.
En effet, la coordination sous-provinciale des écoles conventionnées catholiques de Rutshuru aurait demandé à ses enseignants déplacés de guerre de retourner travailler dans leurs milieux d’origine en vue de la rentrée scolaire 2024-2025 prévue en date du 02 septembre 2024.
L’acteur des forces vives de cette région, Monsieur Aimé Mukanda, à travers un post de monitoring rendu public lundi 19 août, a fait savoir que ces enseignants courent le risque de « désactivation sur les listings de paie » s’ils ne retournent pas travailler, malgré la présence dans la région des rebelles qui y ont même déjà installé des nouvelles administrations.
Mais pour l’enseignant dont l’anonymat a été requis, la seule façon de demander aux enseignants de retourner travailler, c’est de chasser les rebelles. Il estime que rendre opérationnel tous les secteurs de la vie sociale dans les zones sous contrôle des rebelles, leur donnerait une certaine légitimité et contribuerait à normaliser leur plan d’occupation.
« Nous avons ouvert des classes pour des élèves déplacés venus dans nos milieux. Nous les enseignons ici dans nos milieux d’accueil. J’estime que rendre opérationnelles les écoles et les autres activités sociales de la vie d’un État dans les zones conquises par les M23/RDF revient à les accepter et à les légitimer dans leur plan d’occupation. Si le gouvernement avait le plan de reconquête, il fermerait tous ses services dans ces entités et combattre les rebelles », a-t-il analysé.
Il sied de souligner que le gouvernement Congolais à travers les autorités provinciales du Nord-Kivu a déjà autorisé la reprise des activités scolaires dans les territoires occupés par les rebelles Rwandais. L’annonce de la reprise a été rendue publique la semaine dernière à travers une communication de la conseillère du gouverneur militaire a.i du Nord-Kivu.
Serge Mulimani