vendredi, mars 29

RDC : ce qu’il faut retenir du rapport à mi-parcours du Groupe d’experts de l’ONU sur la situation sécuritaire du pays

Au cours de la période considérée, la partie Est de la République démocratique du
Congo a été le théâtre d’épisodes d’une intense violence. Le groupe d’experts a suivi avec préoccupation l’escalade de la violence également dans le territoire de Kwamouth, dans la province du Mai-Ndombe, dans l’ouest du pays, où un conflit intercommunautaire oppose depuis Mai 2022 principalement des membres des communautés Teke et Yaka. Les conditions de sécurité et la situation humanitaire dans les provinces du
Nord-Kivu et de l’Ituri se sont notablement détériorées, malgré l’état de siège en vigueur sans interruption ces 18 derniers mois et malgré les opérations militaires menées par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), les Forces de défense populaires de l’Ouganda (UPDF) et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO).

De violentes manifestations contre la MONUSCO ont éclaté dans plusieurs
villes de la partie Est de la République démocratique du Congo, suite à un discours coordonné hostile à cette mission, propagé principalement dans les médias sociaux.

Des civils, des Casques bleus et des membres de la police des Nations Unies ont été tués, et les biens de la Mission ont été systématiquement détruits et pillés.
L’intensification des combats au Nord-Kivu depuis Mai 2022, et la détérioration des relations entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda qui en a résulté, ont incité les chefs d’Etat de la Communauté d’Afrique de l’Est à entamer une médiation et demander la mise en place et le déploiement d’urgence d’une force régionale destinée à combattre les groupes armés actifs dans l’Est du pays et, en parallèle, à encourager les groupes armés à adhérer au Programme de désarmement, demobilisation, relèvement communautaire et stabilisation.

Au Nord-Kivu, les Forces démocratiques alliées (ADF), groupe armé faisant
l’objet de sanctions, ont continué d’étendre leur zone d’opérations et d’attaquer des
civils dans les territoires de Beni et de Lubero (Nord-Kivu) ainsi que dans le sud de l’Ituri. Les ADF ont utilisé des engins explosifs improvisés en milieu urbain, optant pour des attaques plus visibles menées par des réseaux bien établis.

Le Groupe d’experts a noté avec inquiétude la recrudescence des attaques et des exactions des Maï-Maï dans le territoire de Lubero. Tout comme l’augmentation des
attaques des ADF dans les territoires de Beni et d’Irumu, il s’agit d’un effet
secondaire du vide sécuritaire causé par le redéploiement des FARDC et de la
MONUSCO dans les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo. La fréquence, la durée et la force des attaques menées par le Mouvement du 23 mars/Armée révolutionnaire du Congo (M23/ARC), groupe armé faisant l’objet de sanctions, se sont considérablement intensifiées et le territoire que celui-ci contrôle s’est agrandi de façon significative.

Le Groupe d’experts a trouvé des preuves
substantielles de violations de l’embargo sur les armes et du régime de sanctions, l’intervention directe de la Force de défense rwandaise sur le territoire
de la République démocratique du Congo, soit pour venir en renfort au M23/ARC soit pour mener des opérations militaires contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR); la fourniture d’armes, de munitions et d’uniformes au M23/ARC; le soutien à plusieurs groupes armés Congolais par des membres des FARDC sur le territoire de Rutshuru; la coopération entre les unités des FARDC
et les groupes armés Congolais sur le territoire de Rutshuru.

Des attaques contre les Casques bleus, des actes de torture et des traitements inhumains, des meurtres et des
bombardements aveugles de civils ont également été constatés et constituent des actes
passibles de sanctions.

Le M23/ARC a taxé les biens et les personnes dans les zones qu’il contrôle, notamment à Bunagana, point de passage de la frontière avec
l’Ouganda. La prolifération à l’échelle nationale de la xénophobie et de l’incitation à la
violence, notamment à l’encontre des populations Rwandophenes, parce que comme soutenant le M23/ARC, a conduit à des actes de violence qui ont fait des morts.

En Ituri, les factions de la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) ont continué à étendre leurs zones de contrôle, attaquant souvent les
civils et les FARDC. En retour le groupe armé Zaïre, mieux organisé et plus fort
qu’auparavant, a attaqué les forces de sécurité Congolaises et des civils. Les factions de la CODECO et le groupe Zaïre ont continué à se battre pour
l’exploitation et le commerce de l’or, et à tirer profit de ces activités.Tous deux ont taxé la circulation des biens et des personnes et ont imposé des taxes aux acteurs économiques. Certains éléments des FARDC ont continué à collaborer avec des groupes armés et tiré profit des activités d’extraction de l’or.

Au Sud-Kivu, le déploiement officiel de la Force de défense nationale de
Burundi (FDNB) et le lancement d’opérations conjointes FDNB-FARDC ont entrainé parmi les groupes armés un remaniement des alliances à la création de nouvelles
alliances. La FDNB a continué de s’appuyer sur les Imbonerakure et les groupes
armés locaux dans ces opérations conjointes. Des combattants des Twirwancho ont intentionnellement tué un Casque bleu
lors d’une attaque ciblée sur une base de l’ONU à Minembwe, ce qui constitue un acte passible à des sanctions.

Glorichev

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