samedi, avril 20

RDC : “Des morts sans deuil et cimetière” (Tribune de Fred Mastaki)

Nous sommes dans un pays qui comptabilise ses morts, des conflits inter-ethniques, des conflits armés, des conflits politiques, des catastrophes naturelles, des incidents et accidents sont des sources des morts en masse dans ce pays.

Des morts de l’Est, du centre, du nord, du sud et de l’Ouest

Toutes sont des morts mais sans même considération, il y a des morts de Kinsantu, de Limete, de Boma, qui sont des morts des deuils à la hauteur du national ; il y a des morts des May Moya, Bashu, de Watalinga, d’Irumu, de Mambasa, Masambo, de Bukavu, de Minembwe, de Makobola…sont des morts dans les oubliettes, des morts déconsidérées, des morts négligées, des morts écartées des autres vraies morts, des morts absentes des salons climatisés, des morts prohibées, des morts de la chroniques indéfinis, des morts inconnues, des morts des “Batuwana”, les morts des “Bango na bango”, des morts sans morts, des morts aux touches des machines des calculatrices, des morts mortes, des morts des arrogants, des morts qui n’ont pas élu, des morts au dos des autochtones.

Sans aucun acte national, des morts sont enterrées en masse ;
Sans acte national, des morts croquées par les moribonds sans cercueil.

Sans acte national, des morts pourries en même le sol ; courbées sur leurs houes, machettes.

Sans deuil, ces morts qui se consolent

Elles se consolent, car n’ayant pas d’interlocuteur ;
Elles se consolent, car n’ayant pas d’âmes des personnes sans âmes ;
Elles se consolent, car n’ayant pas connaissance du prix de la paix ;
Elles se consolent, car sachant leur statut de déconsidéré ;
Elles se consolent, car régnant dans les royaumes des inconnus ;
Elles se consolent, car exécutés en dehors des yeux des décideurs ;
Elles se consolent, car n’étouffant aucun système politique ;
Elles crient dans les déserts;
Malgré les appels aux protestations, les oreilles du leveur du gros fardons demeurent bouchées;
Malgré les images sur les réseaux sociaux, les yeux de celui-là ne voient que des fleurs de la Uwa Redi ;
Malgré les chansons révolutionnaires, les plateformes de téléchargement des musiques consomment pour rien les frais du peuple ordinaire qui auditionne et réauditionne ces mélodies qui retracent la misère de la population, c’est juste de Kalalangwe;
Malgré les radios et télévisions qui étalent la misérable vie de la population, c’est juste des séries télévisés « Novelas ».

Vraiment il faut des morts sans deuil

Elles doivent mourir, car ne freinant pas notre richissime carrière;
Elles doivent mourir, car justifiant nos dépenses;
Elles doivent mourir car n’occupant aucune influence sur nos vies;
Elles doivent mourir, car leur sécurité n’étant pas notre priorité;
Elles doivent mourir, car construisant mal sur des espaces officiellement octroyés;
Elles doivent mourir, car c’est depuis longtemps qu’ils sont dans ces situations meurtrières;
Elles doivent mourir, vraiment ils doivent mourir et aucun deuil ne mérite pas, même sans droits des cimetières.

Des morts mortes
aucun drapeau ne sera en berne pour déplorer ces morts;
Des morts des présidents étrangers vaux mieux que les morts des citoyens ordinaires;
Des morts sans attirances, des morts qui meurent, des morts mortes.
Des morts sans deuil.

FRED MASTAKI

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