
Depuis la prise de Goma par le M23 en fin janvier 2025, la ville de Beni actuelle chef-lieu de la province du Nord-Kivu reçoit de plus en plus des déplacés vénus des zones occupées par la rébellion. Aussitôt arrivés à Beni, certains dénoncent qu’ils sont inquiétés, tracassés par les agents de sécurité, soi-disant qu’ils font l’espionnage pour le compte de ce mouvement rebelle.
« A mon arrivé en ville de Beni, les agents de renseignement m’ont directement intercepté et conduit directement dans un cachot de la place. J’étais intimidé terriblement par ceux-ci qui ne cessaient de me lier à tort d’être complice du M23. Après plus d’un mois de captivité, j’étais libéré après plusieurs alertes de mes confrères au niveau des instances locales et internationales », explique un journaliste de la région.
Contactée, une dame qui travaillait dans un service de sécurité à Goma, ayant requis l’anonymat, fait savoir qu’elle a également été longuement écoutée par la sécurité à son arrivée à Beni. « Le contrôle systématique dont j’ai été soumise a sa raison d’être pour la sécurisation des habitants et de leurs biens. C’est sûr que les innocents existent dans cette affaire, mais je vous assure que nombreux coupables, espions du M23 sont en train d’être arrêtés après ces interrogatoires ou filatures », dit-elle.
Favorable pour la société civile
Pépin Kavotha, président de la société civile de Beni trouve salutaire cette vigilance faite pour stopper les mauvaises personnes. « Deux mois déjà depuis que tous ceux qui viennent de Goma notamment, les chauffeurs, les journalistes, les artistes, les militants, les agents de l’Etat…, sont interpellés et les innocents sont relâchés juste après les auditions. Cette pratique est vraiment normale, partant de la situation sécuritaire précaire que traverse la région actuellement », éclaire-t-il. Et d’ajouter que les acteurs de la société civile documentent déjà les cas de tracasseries, intimidations dont sont victimes quelques déplacés : « Ce n’est pas du tribalisme, comme cherche à souligner quelques proches des déplacés. Tout le monde est libéré sauf, sauf si les services habiletés tombent sur des indices de collaboration avec les M23. Comme les cas isolés ne manquent jamais, nous allons d’ici là, traduire en justice, quelques agents de sécurité qui dérangent la quiétude des déplacés », promet Pépin.Espérance Mahamba