samedi, décembre 14

Beni : sous l’appui de la MONUSCO, des jeunes filles vivant avec handicap, dont des sourdes et muettes, sensibilisées à la santé sexuelle et reproductive pour leur autonomisation

Une vingtaine de jeunes filles vivant avec handicap viennent de prendre part à Beni, au Nord-Kivu, à un atelier sur l’éducation des filles adolescentes handicapées, y compris des sourdes muettes, sur la santé sexuelle et reproductive, l’hygiène menstruelle et la lutte contre les IST et le VIH/SIDA. Cet atelier de deux jours, ouvert samedi 23 novembre 2024, était organisé par l’agence Congolaise de promotion des droits des personnes handicapées ACPDPH/Beni, avec l’appui technique du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme et le Fonds pour les femmes Congolaises (FFC), rapporte Jean-Tobie Okala, de la MONUSCO Beni.

Selon les organisateurs, son objectif était non seulement d’aider ces couches sociales à connaître leurs droits, mais surtout de les outiller afin qu’elles sachent comment se comporter vis-à-vis de certaines questions, notamment les grossesses non désirées, dont les conséquences sont parfois tragiques pour certaines d’entre elles. Emmanuel Kakule, le président de l’ACPDPH/Beni, est revenu sur l’importance de cet atelier, qui visait aussi le renforcement de l’autonomisation de ces jeunes adolescentes vivant avec handicap : « On a constaté qu’il y a la recrudescence des grossesses indésirables, il y a plusieurs cas dans la région. Le plus souvent, elles n’ont pas des informations sur comment elles doivent chaque fois calculer leurs cycles menstruels. Et ça pose problème. Elles tombent enceintes n’importe comment. Et ça fait à ce qu’elles puissent avoir des problèmes d’évoluer dans leur autonomisation. Et c’est ainsi que nous avons pu organiser cet atelier, afin de leur donner un certain nombre de connaissances sur comment elles peuvent chaque fois se comporter par rapport à leur cycle menstruel. Mais aussi, la santé sexuelle ».

Sexualité responsable et assumée

Prévenir vaut mieux que guérir, dit-on. Les organisateurs voulaient donc, par cet atelier, emmener les participantes à avoir une vie sexuelle responsable et assumée ; mais aussi, inciter les familles à aborder la (difficile) question de la sexualité avec les enfants :

« On voudrait à ce que les jeunes filles handicapées puissent avoir des relations sexuelles responsables. Ça signifie qu’elles ne puissent pas se retrouver dans une situation telle qu’elles deviennent enceintes parce qu’elles n’ont pas eu des informations sur comment elles peuvent chaque fois se comporter lorsqu’il s’agit de telle ou telle autre situation en cycle menstruel. Ça leur permet de s’autonomiser aussi. Vous vous imaginez, lorsqu’une fille est enceinte, elle n’a pas la capacité de faire d’autres activités. Il se pose des problèmes dans nos familles, parce qu’elles n’ont pas ce courage-là de donner des informations comme celles-là à leurs enfants ».

Les participantes ont toutes salué cette sensibilisation qui leur a permis de comprendre que la société pensait aussi à elles. Surtout, comme le dit Florence Kavuo, elle leur a appris à pouvoir connaître ce que c’est qu’un cycle menstruel, et donc, comment éviter des grossesses non désirées : « Cette formation m’a tellement aidé, parce que désormais je connais bien compter mon cycle. Avant, je n’en savais rien. J’entendais parler de 28, 29, 30 jours… tout ça, je n’en savais pas grand-chose. J’attendais mes règles chaque mois, sans plus. Déjà, à partir d’aujourd’hui, je suis capable de calculer mes jours. D’ailleurs, je vais aller mettre un calendrier dans ma chambre pour me permettre à chaque fois de bien calculer mes jours de règles, comme je l’ai appris ici. Merci beaucoup aux organisateurs d’avoir pensé à nous ».

Tous égaux, malgré nos différences physiques…
Masika est sourde-muette. A travers le langage des signes interprété par un éducateur, elle résume ce que cette formation lui a apporté : « Je dis merci beaucoup pour cette matière apprise au sujet du VIH/SIDA. Je viens d’apprendre comment me protéger contre cette maladie, en évitant les relations sexuelles non protégées. J’ai appris aussi l’égalité de sexes et l’on a dit que les sourds et les entendants tous, nous sommes égaux. Et au sujet du cycle menstruel, on nous a appris qu’il faut bien faire la propreté en étalant nos linges au soleil ».

Florence, Masika, Catherine et les autres sont reparties dimanche 24 novembre 2024, rassurées et revigorées, malgré leurs statut et handicaps. Toutes ont promis d’aller « partager avec [nos] amies les matières apprises » ; histoire de leur faire comprendre que malgré leurs handicaps, elles sont des femmes, qu’elles peuvent vivre et avoir des enfants désirés.

Le directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme de la MONUSCO en mission dans le Grand Nord-Kivu depuis le vendredi 22 novembre, a fortement encouragé cette initiative qui selon lui, vise à démarginaliser ces couches sociales.

Patrice Vahard a rappelé « l’engagement total du BCNUDH aux côtés des personnes vivant avec handicap (PVH) », pour la défense et promotion de leurs droits, en tant que citoyennes à part entière de la République. Il faut rappeler que la promotion et la protection des droits des personnes vivant avec handicap relève du mandat de la MONUSCO, à travers le BCNUDH.

Par ailleurs, le bureau a accompagné la Commission des droits de l’Homme de l’Assemblée nationale dans l’adoption de la loi organique portant promotion et protection des droits des PVH.

Bienvenu Katava

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