samedi, février 8

Beni : dans le groupement Malambo, les populations et la MONUSCO échangent sur la situation sécuritaire

A en croire, Jean Tobie Okala de la MONUSCO Beni-Ituri, une mission multidisciplinaire et d’évaluation sécuritaire de la MONUSCO s’est rendue vendredi 27 septembre 2024 à Kilya, à 25 km de la ville de Beni, au Nord-Kivu. Autour de la table et sous une tente militaire, une soixantaine de personnes, dont le bourgmestre de la commune de Bulongo, le chef de secteur de Ruwenzori, des chefs de villages, des FARDC et PNC, mais aussi des membres du comité local de protection.

Au menu de ce déplacement : Évaluer la situation sécuritaire dans cette localité où les rebelles des ADF ont fait régner leur loi dans le passé; Expliquer à la population locale le processus de désengagement de la MONUSCO; Recueillir les suggestions, avis et desiderata de la population susceptibles de contribuer à la fermeture prochaine de la base de Kilya.

Situation relativement calme…

À tout Seigneur tout honneur : c’est au chef de secteur de Ruwenzori qu’est revenu l’honneur de présenter la situation sécuritaire dans son entité. Selon Japhet Kasereka Mapati, celle-ci s’est beaucoup améliorée, bien qu’elle reste imprévisible.

« La dernière attaque des ADF remonte au 28 octobre 2023 à Kasindi. Leur capacité de nuisance a été sensiblement réduite, mais nous restons vigilants avec la population, surtout avec l’autre menace que constitue l’avancée du M23 dans les entités voisines. Ces rebelles peuvent entrer dans cette entité, en passant par le lac Édouard qui constitue un véritable boulevard pour eux. Mais nous restons vigilants », a-t-il dit.

Mais le calme dont jouissent aujourd’hui les habitants de Kilya n’a pas toujours été au rendez-vous.

En 2020, les rebelles des ADF avaient attaqué le village de Tsotsora à 10 km de Kilya, tuant une quinzaine de personnes.

« C’était terrible, toute la population avait fui, pour venir se réfugier au centre de Kilya. D’autres s’étaient déplacés à Beni, la situation ne faisait qu’empirer, ces attaques ont duré pratiquement 2 ans. Les ADF, non contents d’avoir fait fuir les gens des villages périphériques, étaient venus jusqu’attaquer ceux qui s’étaient réfugiés au centre de Kilya », se souvient Willy Avingani Malikidogo, le chef du village de Kilya.

Pour répondre à cette situation, la MONUSCO installa une base militaire à Kilya pour protéger les civils.

« La MONUSCO nous avait beaucoup défendus et protégés. Nous étions très contents de leur présence, ça avait été un vrai ouf de soulagement. Avec leurs patrouilles, nous nous sommes sentis en sécurité. À ce moment-là, le choix était entre dormir à Beni ou à Kasindi », poursuit le chef de village

Et d’ajouter : « À la faveur de la paix retrouvée, ceux qui avaient fui le village pour Beni sont revenus en octobre 2023. La vie a repris son cours normal depuis lors, les femmes vont aux champs, jusqu’à plus de 20 km dans la forêt, les enfants vont à l’école, les centres de santé ont repris du service, sauf ceux dans le fin fond du village ».

Le Mwami John Kambale Sibendire est le chef du groupement de Malambo qui compte quatre (04) villages, dont Kilya. Il se souvient de cette époque où il y avait quasi-absence de militaires des FARDC dans le milieu :

« La présence de la MONUSCO a presque comblé le vide laissé par les FARDC. La MONUSCO a d’abord permis de stabiliser la zone en la sécurisant. Ensuite et grâce à sa présence, quelques militaires des FARDC sont venus s’installer juste à côté de leur base », a déclaré le Mwami Sibendire.

Mais encore : « La MONUSCO a installé des panneaux solaires sur un rayon de 7 km entre Kilya-Centre et Kisima I et Kisima II, qui nous aident beaucoup : les rebelles arrivaient souvent la nuit, profitant du noir. Mais grâce à l’éclairage public, la population peut les repérer plus facilement et donner des alertes. La MONUSCO a par ailleurs réhabilité la portion de la route entre Kilya et Halungupa longue de 7 km aussi, pour faciliter les interventions en cas d’attaque. Il y a eu aussi beaucoup de sensibilisations de la population et des ateliers de renforcement de capacités de la population », renseigne le Mwami Kambale Sibendire.

Aujourd’hui, la situation sécuritaire est stable dans la région, la dernière attaque rebelle remonte à fin 2023. Mais pour autant, la menace des ADF n’a pas totalement disparu.

« Le 30 août 2024, ils ont été aperçus du côté de Loselose et Mabule. Mais la MONUSCO et les FARDC patrouillent régulièrement », affirme le Mwami John Kambale Sibendire.

Résignés, mais rassurés

Il y a quelques mois, la RDC et les Nations-Unies ont signé un plan pour un désengagement ordonné, graduel et responsable de la MONUSCO de la RDC. Comment appréhendent-ils le départ des casques bleus de leur localité ?

Avec résignation. Mais la MONUSCO va certainement leur manquer :

« Rester ou partir, nous respecterons la décision qui sera prise. À coup sûr, nous regretterons le départ de la MONUSCO, car, nous sommes quand même les premiers bénéficiaires de sa présence. Nous avons passé de très bons moments avec elle ici, il n’y a jamais eu un seul cas d’abus sexuels enregistrés ici, aucune plainte de la population contre un seul casque bleu de la MONUSCO. Chaque chose a une fin, nous le savons et nous nous préparons psychologiquement à vivre un jour sans les casques bleus de la MONUSCO », affirme le Mwami John Kambale Sibendire.

En attendant la fermeture de cette base, les FARDC et les casques bleus de la MONUSCO continuent leur parfaite collaboration sur le terrain, pour la sécurité et la protection des 24,000 âmes qui vivent à Kilya, dans le groupement des Ruwenzori, au Grand Nord-Kivu.

Bienvenu Katava

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