
Le groupe de doyens de la société civile du Sud-Kivu, dans une lettre adressée lundi 13 octobre 2025, demande au Président de la République Démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a organisé dans l’urgence le « dialogue national » pour sauver la situation sécuritaire, humanitaire et politique qui prévaut en République Démocratique du Congo.
« Excellence Monsieur le Président, Nous nous adressons à vous au lendemain de votre discours du 09 octobre au Global Gateway à Bruxelles où vous avez tendu la main à votre homologue rwandais Paul Kagame pour faire la paix. Votre déclaration a suscité des réactions contrastées dans l’opinion congolaise. Qu’à cela ne tienne. En député de vos incohérences, pour nous , toute initiative qui pourrait contribuer, tant soit peu, à mettre fin aux souffrances de notre population et à préserver la souveraineté de notre pays mérite intérêt. Nous saisissons donc cette occasion pour vous adresser nos encouragements et vous assurer de notre soutien sur ce chemin de la paix », introduit les doyens de la société civile du Sud-Kivu.
Toutefois, ils rappelent au Président de la République, comme ils avaient signifié dans leur note de plaidoyer du 21 mai, adressée à leurs excellences Messieurs Massad Boulos et Faure Gnassingbé, ainsi que dans leur lettre de plaidoyer du 29 septembre dernier, adressée au médiateur Qatari, « qu’aucune paix extérieure » ne sera durable sans description politique en interne, en RD Congo. Une telle démarche permettrait de rassembler toutes les forces vives de notre Nation dans le but d’affirmer les voies de l’avenir commun.
Telle est la raison pour laquelle, ces leaders de la société civile en Province du Sud-Kivu, exhortent au Président Félix-Antoine Tshisekedi de faire preuve d’un courage similaire pour tendre la main à ses adversaires politiques et convoquer le dialogue national. Comme souligné dans leurs précédentes notes de plaidoyer, la note Conceptuelle de ce dialogue lui soumis par la CENCO-ECC et n’attend que le quitus pour sa concrétisation.
« Invoquant l’operationnalisation de ce dialogue, nous vous encourageons à faire preuve de programmatisme et d’un sens élevé des responsabilités en y invitant tous vos adversaires politiques non armés et armés. On ne fait la paix qu’avec son ennemi dit-on. C’est la leçon magistrale que nous a donnée Nelson Mandela, l’un des plus grands leaders africains de notre temps », suggèrent-ils.
Dans le but de dissiper les craintes des uns et des autres, d’ores et déjà, ces acteurs de la société civile du Sud-Kivu proposent à la nation que ce dialogue ne soit pas instrumentalisé dans le but de faire un remue-ménage dangereux pour la stabilité de notre pays. Suite à cela, ils lèvent deux options, deux lignes majeures qui structureront ce forum démocratique :
- La garantie absolue accordée au Président Félix Tshisekedi de poursuivre son dernier mandat jusqu’à son échéance en 2028 ;
- L’engagement absolu du Président Félix Tshisekedi à ne pas orchestrer des manœuvres funestes de changement de la Constitution ou glissement aux fins de se maintenir au pouvoir au-delà de son deuxième et dernier mandat.
« Excellence Monsieur le Président, ces deux principes acquis, ces deux lignes rouges tracées, nous pensons que tout le reste deviendrait discutable. En commençant par l’impérieuse nécessité de mettre sur pied une nouvelle Commission Électorale Nationale Indépendante crédible et représentative de toutes les forces vives de la nation chargée d’organiser les élections de 2028. En suite, une équipe gouvernementale de ce forum national. Lorsqu’il était dans l’opposition à Joseph Kabila, le Professeur André Mbata, Secrétaire permanent de votre plate forme, l’Union Sacrée de la Nation et un de vos plus grands soutien avait coutume de dire : il y a une vie après la Présidence. Le Président Nelson Mandela, bien qu’au faite de sa popularité, n’a fait qu’un seul et unique mandat de 5 ans à la fête de la République Sud-Africaine. Un exemple de grandeur patriotisme et de sagesse », rappelle à Félix-Antoine Tshisekedi la société civile du Sud-Kivu.
Cependant, ces cadres de la société civile du Sud-Kivu appellent le Chef de l’État de faire de charité envers lui-même et de sa famille.
« Il est temps de préparer l’héritage que vous laisserez à notre pays en 2028. Nous vous exhortons à ne pas tenter le diable : l’histoire est têtue. Si la règne du Président Mobutu est trop lointaine pour vous instruire, pensez aux récents événements du Madagascar, du Pérou et du Népal qui se déroulent sous nos yeux », avertit la société civile du Sud-Kivu.
A en notre notre source, Bien que réel, l’argument du « risque de balkanisation » de notre pays ne peut éternellement être avancé comme alibi pour justifier un statu quo fait d’injustice, de misère et d’humiliation pour la très grande majorité de notre population face à l’opulence insuffisante d’une minorité au pour pouvoir.
« Nous l’avons souligné à plusieurs reprises : l’Est de la RD Congo peut, certes, être momentanément colonisé par le Rwanda, mais tant que nous peuples du Kivu resiserons à l’occupatant, il n’y aura jamais de balkanisation de la RD Congo. C’est une certitude. C’est une donne géopolitique vérifiée en Indochine, en Algérie, au Vietnam, en Afrique du Sud, en Namie, en Afghanistan et aujourd’hui en Palestine.
Par conséquent, selon les forces vives, on doit d’abord régler nos problèmes internes.
« Le Président Kagame ne peut être indéfiniment brandi comme un épouvantail pour masquer les insuffisances de votre gouvernance. Soyons honnêtes, il n’est pas l’unique auteur de nos malheurs. De Mobutu à vous, en passant par les 18 ans de règne de Joseph Kabila, la mauvaise gouvernance du pays est la cause principale de faiblesses structurelles de la RD Congo. De plus, ce serait donner trop d’importance à un acteur externe qui n’est qu’un épiphénomène sur la cour de l’histoire de notre pays. Si nous sortons de notre inconscience, il n’aura aucune prise sur la longue marche de la RD Congo vers son destin de grandeur au service de son peuple, de l’Afrique et de l’humidité entière », ajoute-t-elles.
C’est ici que cette citation du Mahatma Gandhi prend tout son sens et résonne comme un tocsin : Quand je désespère, je souviens que tout au long de l’histoire, la voix de la verita. Et de l’amour a toujours triomphé.
Il y a eu dans ce monde de tyrans et des assassins, et pendant un moment ils peuvent sembler invincibles, mais à la fin , ils tombent toujours. Pensez-y toujours.
« Excellence Monsieur le Président, il n’est plus possible de continuer à ignorer les revendications de notre peuple. Il y a urgence à agir. Le statu quo risque d’être une option fatale pour vous et pour notre pays. En vous le rappelant, nous espérons contribuer à déjouer les pièges de notre histoire. Des forces souterraines centrifuges guettent. Ne soyez pas, malgré vous, le réalisateur desseins et n’entrez pas dans l’histoire comme le fossoyeur de notre Nation. Quoi que discutable, avoir ouvert une fenêtre d’opportunité extérieure en vous adressant directement au président Kagame a un certain mérite. Dès lors, le temps est venu d’initier aussi une démarche similaire vers toute l’opposition et les forces vives de notre pays », rencherissent-elles.
Dès maintenant, les cadres de la société civile du Sud-Kivu, disent se mettre à la disposition, de Félix-Antoine Tshisekedi, au travers de la diplomatie citoyenne, pour assurer les bons offices, le cas échéant.
En rassurant de leur soutien pour le salut de notre peuple et notre nation, la société civile du Sud-Kivu prie au Président de la République d’agréer, l’expression de leur haute considération.
Luc Lukandjila