
Le Tribunal de Kano, une plus grande ville du Nord du Nigeria, a ordonné à la police islamique locale (Hisbah) de conclure le mariage entre deux célébrités de TikTok, qui sont accusés d’avoir oublié une vidéo indécente sur les réseaux sociaux. Il s’agit de l’influenceur Idris Mai Wushishirya et Basira Yar Guda, après qu’ils ont publié une vidéo les montrant s’embrassant et se serrant dans les bras, la vidéo sur leurs comptes démontre la vie de jeunes mariés, des gestes jugés « indécents » dans leur société musulmane, confirme, des sources judiciaires et policières contactées par l’AFP.
Selon le tribunal, le mariage doit être célébré dans un délai de deux mois. Selon Baba-Jibo Ibrahim, porte-parole de la justice à Kano, « le Tribunal a ordonné à la Hisbah de célébrer leur union, puisqu’ils affichent publiquement leur relation sur les réseaux sociaux », il instruit à la police religieuse chargée de faire respecter la loi islamique, dispose de soixante pour organiser la cérémonie, à condition que les familles des deux jeunes donnent leur consentement.
Idris Mai Wushishirya, connu pour ses vidéos humoristiques parfois jugées provocantes, avait été arrêté et placé en détention provisoire avant la décision. Les parents de Basira Yar Guda, originaires de l’Etat voisin de Zamfara, ont été contactés pour approuver le mariage, tandis que la famille de l’influenceur, Idris Mai Wushishirya, a déjà donné son accord.
Hisbah, une police créée en 2001, exerce une influence grandissante dans douze États du Nord de Nigeria où la charia est en vigueur. En 2022, elle a entendu son contrôle aux contenus diffusés sur les plateformes numériques, surveillant étroitement les productions de Kannyowood, l’industrie cinématographique haoussa, ainsi que les publications des influenceurs sur les réseaux sociaux.
Au Nigeria comme dans d’autres pays africains, cette affaire siccite des commentaires sur la liberté d’expression, un sujet à la croisée du religieux, du numérique et social, le contrôle des mœurs et la place des jeunes créateurs de contenus dans une société tiraillée entre tradition et modernité.
Kano est l’un des douze États musulmans du Nigeria où la charia coexiste avec le droit civil. La Hisbah y intervient régulièrement pour sanctionner les contenus « immoraux « publiés sur les réseaux sociaux, soulignant la stricte application des règles religieuses dans la région.
Luc Lukandjila