L’avancée des rebelles du M23/RDF vers la cité de Lubero et la ville de Butembo a suscité la colère du député national honoraire du Nord-Kivu, l’honorable Jean-Baptiste Kasekwa qui crie à la complicité de l’Administration Tshisekedi.
Alors que ces rebelles se sont pointés à la porte du chef-lieu du territoire de Lubero qui donne sur la ville stratégie et commerciale de Butembo, cet acteur politique juge insignifiant les efforts déployés par le gouvernement du Président Félix Tshisekeki pour dissuader l’ennemi et le forcer à renoncer à son plan d’occupation.
Les M23 en exécution du schéma de Kosovo au Nord-Kivu
Après les débâcles de Luanda, dimanche 15 décembre dernier, où devrait être signé un accord de cessation des hostilités entre les Présidents Congolais et Rwandais (le grand absent), les rebelles du M23/RDF ont mené plusieurs assauts ayant permis leur avancée vers Lubero-Centre. L’objectif serait de soumettre le gouvernement à leur volonté, et lui faire gober leur cahier de charge tel que négocié à Luanda. Le Rwanda qui s’est substitué à porte-parole du M23 qu’il parraine a vite exigé que la RDC négocie directement avec les rebelles, ce que Kinshasa a déjà refusé depuis belles lurettes.
Jean-Baptiste Kasekwa estime pour sa part que derrière cette avancée se cache un plan d’autonomisation du Nord-Kivu à l’idée des accords du 23 mars qui cautionnent et confèrent au Nord-Kivu un statut particulier, à l’image de la province de Kosovo en Europe (dans les Balkans et en ex-Yougoslavie)
« Derrière cette avancée du M23, on veut placer le Nord-Kivu dans un statut identique à la province de Kosovo, on veut obtenir la réintégraton militaire et politique des M23, on veut intégrer les ex-CNP dans l’armée Congolaise, dans la police et dans les services de renseignement. Dans cette feuille de route de Luanda, il est dit qu’on va procéder au retour de ceux qu’ils appellent des réfugiés Congolais vivant au Rwanda et en Ouganda, ce retour-là qui n’est pas supervisé et des gens qui n’ont jamais été identifiés, et donc nous risquons d’assister à un mouvement de peuplement des territoires du Nord-Kivu après qu’aura chassé les peuples autochtones. Veut dire qu’on voudrait avoir au Nord-Kivu une administration fondée sur un statut particulier qui donne le contrôle politique non pas aux gens qui ont été élus par les députés provinciaux, mais on fait avoir une convention avec Kinshasa qui donne aux ex-M23 le contrôle de la province du Nord-Kivu. C’est ce que j’appelle le schéma de Kosovo », a-t-il fait savoir.
Des replis de l’armée qui favorisent l’avancée des rebelles
Depuis la cité frontalière de Bunagana à la chute d’Alimbongo passant par Kitsanga, KIwanja, Rutshuru,… l’armée Congolaise cède des localités aux rebelles Rwandais du M23 par des replis, s’est désolé le député honoraire Jean-Baptiste Kasekwa.
En effet, après plus d’une semaine d’intenses combats sur les axes Kirumba-Keseghe-Mighobwe, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de la localité d’Alimbongo, jonction de la cité de Lubero-Centre, chef-lieu du territoire de Lubero et de la ville commerciale de Butembo. Le député honoraire et cadre de l’ECIDé de Martin Fayulu, opposant du régime de Thsisekedi, qualifie ces replis de « trahison » de la part de l’Administration du Président Félix Tshisekedi.
« L’Administration de Tshisekedi joue à la trahison. Depuis Bunagana, passant par Kiwanja, Rutshuru, Kitsanga, Kanyabayonga, Kirumba, l’amée recule par replis stratégiques. Aujourd’hui c’est le tour d’Alimbongo vers Kitshumbiro, Lubero, Butembo,… des replis stratégiques perpétuels. Et tous ces commandants qui autorisent ces replis stratégiques n’ont jamais été interpellés, n’ont jamais été relevés, on dirait qu’ils font accomplir un schéma avec lequel Tshisekedi est d’accord, en jouant à l’accomplissement de cet agenda de Kagame, celui de faire du Nord-Kivu une province autonome, à l’instar du Kosovo. Ça nous ne pouvons pas accepter », a fait savoir l’opposant Jean-Baptiste Kasekwa.
Une pression Félix Tshisekedi pour l’amener à agir !
« L’armée Congolaise est capable, l’armée Rwandaise n’est pas invincible », a poursuivi le député honoraire de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu qui a d’abord loué la forte résistance des Forces armées de la RDC (FARDC) et de ses supplétifs « les Wazalendo » qui empêchent toujours les rebelles d’avancer vers Lubero et la ville de Butembo, points stratégiques de la résistance, avant d’appeler la population à exercer une forte pression sur le Président Félix Tshisekedi afin qu’il active son armée à combattre l’ennemi jusqu’à imposer le retour de la paix dans la région.
« Nous devons exercer une forte pression sur Félix Tshisekedi pour qu’il cesse de jouer à la complicité avec l’ennemi et qu’il exerce à son tour une pression sur la chaine de commandement qui ordonne ces replis stratégiques ; on redynamise le moral des FARDC, on retourne la discipline au sein des FARDC ; avec l’engagement de la population, nous pouvons chasser l’ennemi », a-t-il lancé.
Ce samedi 21 décembre 2024, les Forces armées de la RDC (FARDC) ont repris le contrôle de la localité de Ndoluma après d’intenses combats. Le Général-Major Bruno Mandevu qui a remplacé la veille, le Général-Major Chiko Tsitambwe au commandement du Front-Nord, était à la première ligne. Selon les sources militaires, les fronts sont lancés pour déloger les rebelles de leurs positions et stopper leur progression.
Serge Mulimani, depuis Kasindi