
Des jeunes de Beni (Nord-Kivu) ne désarment pas face à l’expansion pétrolière en République Démocratique du Congo. À la veille de la COP30, annoncée en novembre au Brésil, ils sont descendus dans les rues, mardi 28 Octobre, pour sensibilise de l’exploitation du pétrole sur l’environnement. Cette séance a été organisée au marché central de Beni-Kilokwa.
Peu avant cette activité, ces activistes écologiques, réunis au sein de la Coalition « Notre terre sans pétrole », composée de plus de 180 organisations congolaises, africaines et internationales ont organisé un point de presse pour réclamer la justice climatique. Selon eux, le « pétrole est la source du problème, pas la solution ».
Dans leur déclaration lue à la presse de Beni, ils ont rappelé qu’en mai 2025, le gouvernement Congolais a relancé un appel d’offres pour les 52 nouveaux blocs pétroliers, auxquels s’ajoutent 3 blocs gaziers sur le lac Kivu. Ils ont fait savoir que, ces projets couvrent plus de la moitié du territoire national, soit 124 millions d’hectares, et menacent directement 8,3 d’hectares d’aires protégées, 66,8 millions d’hectares de forêts tropicales intactes, ainsi que les terres et l’avenir de près de 39 millions de Congolaises et Congolais.
« Depuis plusieurs années, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo se présente comme un pays-solution face à la crise climatique mondiale. Mais comment un pays peut-il prétendre être une solution tout en organisant la plus grande expansion pétrolière sans son histoire », s’interrogent-ils.
Ils insistent en rappelant « Un pays qui détruit ses forêts, ses tourbières et ses communautés ne peut pas être un pays-solution. Le pétrole est la source du problème, pas la solution ».
Ces défenseurs de l’environnement rappellent aussi que, l’expérience de Muanda doit servir d’avertissement pour toute la RDC.
« Après plusieurs décennies d’exploitation pétrolière, cette ville côtière demeure l’une des plus pauvres du pays, marquée par de multiples pollutions impactant les zones de pêche et d’agriculture, contaminant l’eau et l’air. Les habitants y subissent les conséquences d’une industrie opaque et irresponsable : pauvreté, maladies respiratoires, conflits et abandon des terres agricoles ».
Pour eux, « Le pétrole apporte des promesses, puis des problèmes : à Muanda, il a détruit nos terres et nos pêches. Demain, ce seront nos forêts et nos lacs ». Ainsi donc, ce modèle ne doit pas être reproduit ailleurs, ont-ils souhaité.
Face à tout ce qui précède, les organisations signataires de cette déclaration ont formulé les recommandations ci-après :
- L’annulation immédiate de l’appel d’offres pour les 52 nouveaux blocs pétroliers et les contrats d’exploitation pour les 3 blocs gaziers du lac Kivu;
- Un moratoire national sur tout nouveau projet d’exploitation pétrolière et gazinière ;
- La protection effective des tourbières de la Cuvette centrale et du « Couloir vert du Nord-Kivu/Kinshasa »;
- Le respect du consentement libre, préalable et éclairé pour toutes les communautés concernées ;
- L’investissement prioritaire dans les énergies renouvelables, les forêts communautaires et les solutions fondées sur la nature ;
- La transparence complète sur les contrats, revenus et impacts environnementaux du secteur extractif.
La Coalition « Notre terre sans pétrole » chute en soulignant que, la RDC abrite le grand complexe de tourbières tropicales du monde, stockant à lui seul environ 30 milliards de tonnes de carbone. Ces tourbières et les forêts du bassin du Congo sont un pilier du climat mondial et un bien commun de l’humanité. Les détruire pour quelques années de production pétrolière reviendrait à anéantir des milliers d’années d’équilibre écologique.
Fabrice Ngima